« Magnifique. »  fut le seul commentaire de Lauren Wickman, en brossant avec admiration les cheveux de sa fille de sept ans. Non pas qu'elle ait une chevelure exceptionnelle, mais dès qu'il était question de sa fille, Lauren ne pouvait s'empêcher d'encensée chaque caractéristiques de sa progéniture. Pour tout dire, elle était tout ce qu'elle avait voulu être plus jeune, jolie avec une bonne éducation et future héritière de la fortune Ellsworth, elle finirait sans doute marié à un homme des plus dignes et promis à un avenir radieux. Oui, Lauren Wickman espérait le mieux pour sa fille, et c'est pour ça qu'elle la poussait dans ce sens. Assise devant un miroir, avec sa mère en train de lui tresser les cheveux afin de lui faire une coiffure des plus élégantes, Loni Ellsworth n'avait jamais vraiment pensé par elle-même. En fait, elle était respectueuse des souhaits de ses parents, ou du moins, de sa mère et son beau-père. Elle ne voyait plus son père depuis des années, la seule chose qu'il lui restait de lui était son nom de famille et cela faisait quatre ans qu'elle et sa mère étaient parties pour vivre au Royaume-Uni, dans le pays de son nouveau "papa". Alors, elle s'était mêlée à ce qu'on appelle la "haute société ", classe sociale de son beau-père, et aujourd'hui la sienne, il l'avait facilement accepté comme son propre enfant. Elle était docile, et si ils pensaient que c'était ainsi que cela devrait se passer, alors elle ferait en sorte de leur faire plaisir. Vêtue d'une robe des plus élégantes, pour son âge soit neuf ans, Loni descendit les escaliers du majestueux manoir Wickman derrière sa mère pour accéder à la salle à manger, où tout l'arbre généalogique Ellsworth s'était réuni en ce dimanche. Posant à peine le pied sur le seuil de la grande pièce, elle fut accueillit par la voix imposante de Pierce Wickman qui ne tarda pas à la rejoindre à grandes enjambées. « Splendide. Ma fille n'est-elle pas ravissante? » S’adressa-t-il à son public et soulevant sa fille pour la mettre en évidence. Elle reçu plusieurs exclamation pour exprimer leur approbation par des visages familiers. Bien que la famille Wickman puisse se vanter d'avoir une descendance bien assurée, les réunions de famille étaient si nombreuses que tout le monde se connaissait. Après que Loni ait pu remettre les pieds sur le sol, sa mère s'avança par derrière avec Zachary Wickman, le dernier de la famille, son  demi-frère de 1 an. La famille Wickman représentait tout ce qu'il y avait de plus parfait, la typique famille bourgeoise anglaise.

Comme à son habitude, Loni Ellsworth participait aux évènements mondains organisés par ses parents. Comme à son habitude, elle se devait d’être apprêtée de façon élégante et qu’elle montre les valeurs de la famille Wickman. Et comme à son habitude, elle finissait par s’ennuyer à mourir, n’ayant rien d’autre à faire de sa journée que de sourire poliment. Il faut dire que du haut de ses seize ans, ses intérêts avaient changés, même si il faut dire qu’elle n’a jamais réellement été intéressée par toute cette exhibition de richesse… «  Loni, chérie, vient dire bonjour. » Quémanda sa mère en lui accrochant le bras. « Je te présente le docteur Swanson, sa femme Georgia et leur fils, Dirk. Dirk a 18 ans et entame ses études de médecine pour reprendre la direction de l’hôpital après la retraite de son père. »  Loni savait où sa mère voulait en venir, et même si ça la gênait, elle faisait dans son sens, rigolant aux blagues du docteur Swanson ou souriant timidement à Dirk… Mais trois quarts d’heure plus tard, et un tour de salle pour saluer les invités, elle avait fini par prendre la fuite dans la cour arrière pour prendre l’air. Ses parents avaient préférés organiser leur  "cocktail " dans un grand hôtel de Nottingham, et les yeux fixés sur ses pieds et errant dans un endroit inconnu, elle avait réussi à bousculer un malheureux. Non, en fait, elle lui été carrément rentré dedans tête baissée. Et pourtant, quelques minutes après l’incident, elle s’était retrouvée assise à côté de lui sur les marches de la terrasse. Isaak, parce qu’elle avait fini par connaître son prénom, n’était pas un invité. En fait, on aurait pu le remarquer rien qu’à sa tenue de serveur. Il était ici parce qu’un de ses amis leur avait trouvé un bon plan pour gagner de l’argent et manger gratuitement, bien que ce dernier point n’était pas compris dans leur contrat. Il avait terminé le lycée et se demandait encore quoi faire de sa vie, mais au fond, il s’en fichait, tout ce qu’il l’importait, c’était de faire ce qu’il veut sans aucune contrainte, soit voyager pour le moment. Il n’était pas riche, mais il se débrouillait en se trouvant des petits jobs tels que serveur, barman ou vendeur. Il était américain, venant de Californie. « Donc, toi non plus tu ne supportais tout ces bourgeois conformistes, arrogants et coincés ? Hum… Désolé j’imagine que tu dois être… »  S’était-il repris en la regardant de haut en bas. Il n’y avait aucun reproche dans ses propos, plutôt de la gêne dû à sa maladresse précédente. Après tout, elle portait une robe hors de prix. « On peut dire ça… Mais ça ne veut pas dire que j’aime… tout ça ! »  Loni lui avait répondu très vite. A vrai dire, elle n’avait jamais donné son opinion à propos de ce dans quoi elle baignait depuis toujours. Elle n’avait jamais vraiment ressentie le besoin de le dire non plus, mais aujourd’hui, c’était sorti naturellement. Pour la première fois, elle avait honte de sa famille. Grand Dieu, jamais elle n’aurait dit qu’ils étaient les organisateurs à Isaak. Il était si cool et détaché, si libre. Isaak et elle avait passé toute la journée ensemble, après tout, il se fichait bien de perdre une journée de salaire. Ils avaient échangé leur numéro, histoire de garder le contact, suite à ce " coup de foudre amical ". Mais hors de question d’en parler à ses parents…

« Je te préviens une dernière fois, jeune fille .Si tu passes la porte de cette maison, tu n’es plus une Wickman »
Loni se releva d’un mouvement brusque, haletante et la sueur sur le front. Un flash-back, voilà comment on pouvait appeler ça. Pas un cauchemar, parce qu’elle pour, c’est sans doute la meilleure chose qu’elle ait du faire, sa meilleure décision, soit un de ses meilleurs souvenirs. En fait, la seule chose qui l’effrayait dans tout ça, c’était de revoir son père. Elle tourna la tête pour regarder Isaak de l’autre coté du lit, dans un sommeil profond, le dos tourné face à elle. Jetant un œil à son réveil affichant 5h27, elle se leva discrètement, provoquant un mouvement chez son amant. Oui, Isaak et elle avait fini par sortir ensemble. Sans doute la meilleure chose qui lui soit arrivée. Ils avaient commencé à réellement se voir lorsqu’elle avait 17 ans et il l’avait persuadé de quitter sa famille, le Royaume-Uni et tout ce à quoi elle se rapportait pour le suivre à Pasadena, ce qu’elle avait fait. Elle avait ainsi commencé les études de médecine grâce à son aide financière, qu’elle lui remboursa par la suite, et ils en étaient là. Ce ne fut pas très compliqué pour bouger, étant née sur le territoire américain, elle n'avait même pas besoin de visa.
Heureux et posés dans leur vie de couple, vraiment, Loni adorait leur vie. Elle adorait la famille d'Isaak, elle considérait la grand-mère de celui-ci comme la sienne, et sa sœur comme sa meilleure amie. Mais Loni avait goûté à la liberté et elle ne supportait plus d’en être privée, et pour elle, tout ça n’était qu’un recommencement. Cela l’effrayait de devoir se soumettre à nouveau à un mode de vie, l’emprisonnant en quelque sorte. Elle aimait Isaak profondément mais elle s’était révélée bien trop égoïste pour sacrifier cette indépendance. Lentement, elle se leva pour récupérer un sac de voyage déjà préparé dans le placard, une chance que Isaak ait toujours eu le sommeil lourd, et se diriger vers la salle de bain pour se nettoyer. Elle passa une dernière fois par la chambre pour avoir une dernière vision du seul pour qui elle a pu éprouvé quelque chose, et peut être regretté un peu le geste qu’elle s’apprêtait à faire, puis se détourna pour la porte d’entrée, ou plutôt de sortie. Elle déposa ses clefs sur la table au passage et rejoignit le plein air pour se diriger vers une voiture où une femme à la peau hâlée l’attendait. « Prête ? » Loni hocha la tête. Dana, était sa collègue qui lui avait proposé de partir pour faire de l’humanitaire. 2 ans au Cambodge, et cela n’empiéterai par sur ses études, elle pourrait les reprendre où elle en était par la suite. « Tu lui as dit ? » Loni se tut. Elle savait qu’en s’enfuyant comme une voleuse, s’était abandonner leur relation, qu’il ne l’attendrait pas. Et elle en avait préféré ainsi. Loni était égoïste. Même si elle lui brisait le cœur, c’était au profit de son propre bonheur. Elle en était désolée, mais c’était trop important pour elle. Il lui avait fait découvrir ce que c’était de faire ce qu’elle voulait quand elle le voulait, une vie sans contrainte et elle en était venue à en profiter au dépend des autres.