Je suis née et j'ai grandi à Los Angeles. Le soleil, la plage, le beau temps... Ma mère a toujours adoré cette ville. Mon père lui, il s'en foutait un peu, tout ce qui lui importait était le bonheur de ma génitrice. Mon père était l'homme le plus gentil de la Terre. Il était tellement amoureux de ma mère qu'il en oubliait tous ses défauts. Ma mère était une belle femme. Une grande blonde qui ne laissait personne indifférent. Elle était mannequin et Los Angeles était la ville parfaite pour une possible évolution de carrière. Je me souviens encore de ces nombreuses soirées passées en tête à tête avec mon père et ma petite soeur, Hazel, alors que ma mère était de sortie, soit disant parce que se faire voir en soirée était bon pour son image. Être mariée, élever des enfants... ce n'était pas fait pour elle... Ma mère m'aimait, je le savais, mais elle ne le montrait pas, ou peu. Elle n'était pas souvent là et la plupart du temps, elle refusait d'admettre qu'elle était maman. Ce n'était pas bon pour sa carrière, apparemment. Mon père lui, était l'homme le plus affectueux du monde. Je crois que je n'aurais pu rêver d'un meilleur père... Du coup, lorsqu'il est mort, un matin de septembre, tout mon monde s'est effondré.


J'avais quatorze ans lorsque mon père est décédé dans un accident de voiture. A peine l'enterrement terminé, ma mère nous a emmené, Hazel et moi, à Pasadena, chez nos grands-parents. Elle ne pouvait pas s'occuper de sa carrière et de ses filles... Il fallait donc abandonner l'un des deux. Nous. Mes grands-parents vivaient dans une jolie maison, en bordure de la forêt. C'était très rustique comme mode de vie, mais ça faisait du bien. Pour la première fois de ma vie, j'avais un équilibre et mes grands-parents étaient géniaux. A l'école, j'étais assez appréciée. Je devenais une jolie jeune femme et je commençais à comprendre que mon physique pouvait m'aider en de nombreux points. Je n'ai jamais été une personne très douce, mais durant mon adolescence, je crois que mon côté garce était à son apogée. J’enchaînais les garçons, en faisais un peu baver à ceux qui se mettaient en travers de mon chemin... Je ne suis pas très fière de certaines choses que j'ai pu faire... mais mon adolescence reste tout de même une période incroyable dans ma vie.


Richard Anderson était âgé de vingt-six ans, la première fois que je l'ai rencontré. Moi, j'en avais à peine dix-sept. Il était si beau et me paraissait sorti d'un tout autre monde. Au départ, j'ai menti sur mon âge, pensant sincèrement que ma minorité le ferait fuir. Puis, quelques semaines se sont écoulées et il a découvert ma tricherie... A mon plus grand étonnement, notre relation ne s'est pas terminée, mais au contraire, a évolué. Un an plus tard, j'annonçais à Richard être enceinte et on s'est mariés. Lorsque j'y repense, je me dis que c'est allé trop vite. Au final, aimais-je réellement Richard ? Oui... en un sens, mais j'étais surtout admirative de cet homme qui venait d'une bonne famille. Cet homme qui était promis à un grand avenir. Cet homme qui m'offrait une vie complètement différente. On a longtemps vécu à New-York. Les parents de Richard ne m'aimaient pas, mais je crois que le fait de porter l'enfant de l'homme que j'aimais me donnait une sorte d'immunité.

Lorsque Arya est née, je venais de fêter mes dix-neuf ans. Ce fut très certainement le plus beau cadeau qu'une femme peut recevoir. Je me souviens être restée des heures à contempler ce petit bout d'être humain. Je venais de créer quelqu'un. Moi, la fille la plus insignifiante de la Terre, avais l'impression d'avoir accompli un miracle... Cependant, la naissance d'Arya marqua un tournant dans mon mariage. Richard partait de plus en plus souvent pour travailler. Il avait un poste à responsabilité et j'avais conscience que ça lui prenait du temps... mais il délaissait sa famille. Après la naissance d'Arya, c'est Nathaniel, qui vit le jour. Un petit garçon, c'est tout ce dont Richard rêvait. Deux années après la naissance de Nate, c'est Willow qui pointa le bout de son nez. Ma seconde fille. Une nouvelle merveille. Cependant, je n'ai jamais été une mère assez conventionnelle. J'ai toujours été une calamité derrière les fourneaux et parfois, il m'arrivait de jurer devant mes enfants. Arya en riait, la plupart du temps, mais mes beaux-parents ne voyaient pas mon comportement d'un très bon œil. Et puis enfin, un peu par accident, arriva ma dernière, Alice.


Alice avait quelques mois, lorsque j'ai commencé à soupçonner Richard de me tromper. Il n'était jamais à la maison et lorsqu'il était là, il était distant. Aussi bien avec moi qu'avec ses enfants. Je n'ai jamais été du genre à me faire humilier et de ce fait, j'ai mené mon enquête. Ça a duré plus de six mois... Six longs mois au bout desquels j'ai découvert que mon très cher époux me trompait avec une jeunette de vingt ans sa cadette ! Le verdict a été sans appel, j'ai quitté mon mari. Prenant mes enfants avec moi, j'ai quitté notre luxueuse vie pour retourner à Pasadena, vivre dans la vieille maison léguée par mes grands-parents décédés. Bien sûr, Richard m'a donné du fil à retordre, ne me laissant pas un sous. Il a bien failli m'enlever la garde des gamins, mais j'ai réussi sur ce point là, au moins. Aujourd'hui, les années ont passé et j'essaie d'avancer peu à peu, c'est tout ce qu'il me reste après tout !