« Selia, tes parents ne sont pas rentrés, ils m'ont dit qu'ils fallait qu'on te récupère, viens à la maison, ça fera plaisir à Matty, elle sera contente de te compter parmi nous. » Je souris au grand brun. Son nom était Stanley, un nom que je détestais, parce que c'était comme ça qu'on appelait les beaufs dans les films, assez déstabilisant d'ailleurs quand on voyait Stan, qui était tout, sauf un beauf. Un des quatre frères O'Connor, l'aîné, qui n'avait jamais quitté sa terre natale, contrairement aux autres. C'était un homme de la banlieue chic. Il était adorable, serviable et terriblement drôle, c'était l'oncle Stan. « Laisse-moi juste une petite demi heure, que je me prépare et prépare mes affaires et j'arrive. » Il sourit et sortit du garage, faisant un signe de dos.  « Je t'attend au bar d'en face ! » Je ris et secouai la tête.
Joie, bonne humeur et rire étaient l'ambiance et ce qui résonnait dans la maison des O'Connor. Mon oncle ne pouvait s'empêcher de raconter les même blagues depuis vingt ans, et ça continuait tout de même à le faire rire. Matty, quand a elle, était occupée à vérifier que tout le monde avait bien assez à manger. Ils marchaient comme ça tous les deux. Un vrai petit couple, tout aussi généreux l'un que l'autre. Alors que nous festoyons tous, amusés, le téléphone sonna. Sans vraiment réfléchir, Matty décrocha, nous n'y faisions pas attention. « Il faut vite que nous allions à l'hôpital, ton père a eu un accident de voiture. » On se regarda alors tous et sans même demander de détails, on se leva en vitesse pour aller se diriger vers la voiture, direction l'hôpital.
« Votre père va très bien, votre mère n'a été que très peu touchée par l'accident, plus de peur que de mal, en revanche ... » Le médecin regarda oncle Stan et lui fit signe, de venir avec lui. Je les suivis alors du regard. Ca voulait dire quoi ça ? J'avais le droit de savoir, je voulais savoir, pourquoi des messes basses hein ? J'allais devenir folle. Matty vint me prendre dans ses bras, pour arrêter les tremblements de mes bras et de mes jambes. Mon oncle revint quelques minutes après, comme inquiet et me prit dans ses bras. « J'ai le droit de savoir. » Il souffla, tout en cherchant les mots. « Tes parents avaient bu lors de l'accident, beaucoup. Et à ce qu'il parait, ce n'est pas la première fois. » Je le regardai, attendrie. Je vis alors mon père sortir de la chambre, avec quelques égratignures. J'allai lui sauter dans les bras, il gémissait lorsque sans le faire exprès j'appuyai sur ses bobos. Puis, ma mère le suivit, j'allai l'embrasser. Ils n'avaient pas l'air très heureux. Mon père alla s'asseoir et me pris sur ses genoux. « Je sais que ce n'est pas le bon moment, mais il faut quand même que tu sache. Voilà, avec ta maman, nous avions bu, parce que nous avions fait la fête. Et, la mauvaise nouvelle n'est pas un problème d'alcool, mais plutôt que j'ai un cancer, qui se développe de plus en plus vite, et qui a déjà bien entamé son parcours. » Je le regardai et fondis en larme dans ses bras.
Mon père nous quitta deux ans plus tard, la maladie l'avait atteint plus vite que prévu. Ce fut la pire période de ma vie et une descente aux enfers pour ma mère. A ce moment là, je dû aller vivre chez mon oncle, tandis que ma mère faisait d'hôpitaux en hôpitaux, avant de finalement, retourner vivre auprès de nous, mais j'étais déjà une grande fille et elle avait passé toute mon adolescence à l'hôpital.