J'ai grandit en Angleterre, sans frère ni sœur avec qui me bagarrer mais choyée par des parents aimants. Une mère secrétaire dans un cabinet d'avocats, un père employé de mairie, je n'ai jamais manqué de rien et c'est peut être de là qu'est venu mon malheur. Si aucune ombre ne vient entacher le tableau de votre début de vie alors quand vous devrez vous saisir de ses rênes vous ne serez pas du tout préparer à la réalité, à cette vérité dont on vous a épargné la dureté, volontairement ou non tout au long de ses années passés, à l'abri sous les jupes d'une mère tendre et d'un père généreux.
Je ne peux leur en vouloir de m'avoir ainsi ménagés, je ferai preuve de mauvaise foi et d'ingratitude, non je suis bien plus prosaïque que cela car ma philosophie me laisse croire qu'il faut tôt ou tard en passer par quelques moments douloureux pour se forger une vraie personnalité, pour apposer la première majuscule à ce paragraphe dédié à notre indépendance.
Mes années d'études furent fort longues, pas vraiment intéressantes et mes résultats en disaient beaucoup sur ma motivation. Je n'étais pas brillante mais je savais quand il fallait s'y mettre pour ne pas rallonger mon passage dans ces établissements; je n'ai jamais redoublée.

Par la suite, quand mes obligations disparurent en même temps que ma majorité pointait le bout de son nez, j'ai su me montrer sage et prolonger mes études sans même y croire, mais c'est toujours une solution de secours quand aucune envie particulière ne vous vient en tête. J'aimais le théâtre, j'en raffolais, mes parents m'avaient inscrit dans un club à la  fin de mes années du primaire et cela avait été une vraie révélation pour moi. Dans notre petite troupe nous étions seulement deux filles, je ne l'aimais pas vraiment elle était prétentieuse et déjà plus mature que moi. Son œil avisé ne manquait pas de juger avec bon sens ou non tout nos petits camarades qui s’ébattaient autour de nous, qui nous donnaient la réplique. Je n'aimais pas sa langue trop fourchue et son rire nasillarde de petite fille bien née, elle me faisait découvrir un autre monde dont je n'avais jamais osé pousser les portes: tout cela m'effrayer et me faisait douter. Je n'étais pas certaine que la cour des grands était pour moi.
Mes amis étaient la chose a laquelle je tenais le plus, ils avaient mon âges, pour la plus part, partager le même milieu social que moi et surtout avaient arpentés les mêmes couloirs, portés le même uniforme. Ils étaient de mon quartier.  L'un d'eux s'était démarqué, il était le frère que je n'avais jamais eu, nos traits étaient semblables comme il lui plaisait si bien de me le rappeler à chaque instant partagé. Je n'avais besoin de rien d'autre, ma vie était idyllique, disons plus sérieusement qu'elle me convenait comme elle était.

Sentimentalement les choses ne se sont jamais vraiment bien déroulées, ils étaient soi trop possessif, trop autoritaire voir macho. Je crois que ce qui se ressemble, s'assemble et même si il m'est encore difficile aujourd'hui de le concevoir je ne peux continuer de penser que moi, Eanna Powell soit épargnée par ce dicton. Je l'accepte donc, je n'aime pas les garçons calment, ceux qui vous offrent l'assurance et la pérennité d'une situation stable, je ne veux pas qu'on me ménage en me traitant comme une princesse ou comme un objet trop fragile pour quitter son étagère. J'ai besoin de confrontation, de dialogue et si il faut passer par les disputes alors je m'y plis. Je ne suis pas une baroudeuse, je ne suis pas non plus farouche, je n'aime pas les féministes mais je ne peux pas me laisser faire j'ai grandi dans un foyer ou la parole de la femme a autant de poids que celle de l'homme. Je ne ressens pas la curiosité de découvrir autre chose.

Mon ami avait se défaut là, il était toujours souriant, amusant, sa parole était d'or, sa confiance était mienne il n'était pas fou au point de dire amen à tout mais nous étions pareil: deux personnalités fortes qui se fondent parfaitement l'une dans l'autre. Il était mon âme-sœur, et même si dans l'ombre il était l'instigateur de certaines de mes séparations amoureuses je n'en ai jamais rien su et si peut être je l'ai soupçonné alors je lui pardonnais: il faisait ça pour moi, pour nous.
Mais un garçon su déjouer tout ses pièges sans perdre espoir de m'atteindre un jour. Il était grand, plus âgé, plus sage aussi.
Son sourire était énigmatique comme cette lueur que j'entrevoyais au cœur de ses iris colorés. Il ne parlait jamais beaucoup, moi j'avais tendance à déblatérer pas mal, il aimait lire moi je préférai récité. Nous nous complétions, j'étais amoureuse. Dés le début, notre relation était vouée à l'échec, dés lors que je lui ai appartenu officiellement son comportement à sensiblement changé, moins patient, plus impulsif, il avait peur , peur d'une chose que je n'ai jamais saisi...Peut être que si mes yeux avaient été plus grands ouverts j'aurai su mettre des mots sur ces doutes et les balayer au lieu de ça je nous ai laissé nous détruire... Et comme toujours j'ai agi de façon démesuré, je me suis enfuit, j'ai quitté l’Europe et ma famille pour gagner les terres libres de la Californie.

Ici je tente de me refaire une vie, mon nom n'y est pas connu, mes larmes n'ont pas sali se sable blanc, rien n'y personne n'y a été témoin de ma peine. La violence n'est pas une chose à négliger, je pense l'aimer encore mais je préfère me garder de lui, rester loin pour pouvoir refaire confiance à nouveau.