NOM ◮ Sunderland, comme mon père, genre en fait j'ai jamais eu trop le choix. Je me plains pas je dis juste que parfois ce serait bien d'avoir le choix sur ce genre de choses. PRÉNOMS ◮ Danaé. Tout simplement. Pas Dana, pas Ana, pas Anaé, Danaé. Pour les surnoms, on verra plus tard. ÂGE ◮ 21 ans. Genre je suis majeure partout dans le monde et j'peux même aller me mettre une cuite à Las Vegas et jouer dans les casinos, c'est trop génial, c'est la belle vie. Par contre pour ce qui est de l'indépendance et du fait d'être reponsable, on repassera. DATE ET LIEU DE NAISSANCE ◮ Ici même, à Pasadena un beau jour d'été, le 13 juin 1993. ORIGINES ◮ Américaines et apparemment un peu Canadienne aussi. Pas que ça change grand chose en réalité. ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE ◮ Organisatrice évènementiel, ouais j'suis jeune mais j'suis diplômée quand même et j'ai même trouvé un boulot. C'est pas beau? STATUT CIVIL ◮ Célibataire qui ne sait pas trop ce qu'elle veut. ORIENTATION SEXUELLE ◮ Hétérosexuelle - sorry les poulettes. TRAITS DE CARACTÈRE ◮ Franche, têtue, un peu rebelle parfois, à l'écoute, douce, impulsive, curieuse, intuitive et parfois capricieuse (enfin, en réalité, j'fais pas de caprices mais j'aime rarement ne pas avoir ce que je veux), est-ce que fétarde est un trait de caractère? GROUPE ◮ Hills - pour le côté fétarde.

- 2010 -
« Rédigez un essai. Lorsque vous devrez remplir vos candidatures pour l'université, vous devrez envoyer un essai. Alors rédigez-en un. Pour demain. Il n'y a pas de règles, qu'il fasse 2 pages pour 15, écrivez sur quelque chose qui vous touche, qui vous choque, je ne sais pas, faites comme vous voulez. »

Écrire. Surtout un essai. C'est pas la chose la plus facile à faire. Je me rappelle être restée assisse sur ma chaise de bureau pendant des heures. Avant de m'endormir sans rien avoir écrit. Le syndrome de la page blanche probablement. Pourtant j'en avais des choses à dire mais je ne savais pas sur quoi. J'ai séché les cours ce jour là, je ne voulait pas rendre un devoir inexistant. Et, alors que je tentais en vain de trouver une idée à poser sur le papier (figure de style), c'est comme si Dieu m'avait envoyé un signe. C'est à ce moment là que j'ai compris que mon essai devait parler de mon père et de ce qui me rendait aussi imbuvable. J'ai alors commencé à écrire et je n'arrivais plus à m'arrêter.

Lorsque j'étais petite, je me baladais souvent avec ma mère au parc. Les enfants jouaient, se faisaient engueuler par leur parents et pourtant, rien ne pouvait enlever le sourire qu'ils avaient. Ma mère et moi avons toujours été très proches. Cela n'a pas été le cas avec mon père. Lorsque j'étais petite, il n'était jamais là. Il travaillait. Beaucoup. Trop même. Tout le temps. Alors que les enfants se construisent des souvenirs avec leurs parents, je me rappelle du nombre de larmes que j'ai du verser. J'avais des cadeaux, que des cadeaux. Tous plus beaux les uns que les autres. Beaucoup s'en contenteraient. Mais moi, cela ne m'a jamais suffit. Ce que je voulait, c'était l'attention de mon père. Et je tentais tant bien que mal de l'obtenir mais cela n'était malheureusement pas suffisant. Le boulot, il n'y avait que ça. Chaque jours, je me disais qu'il finirait bien par faire attention à moi ou simplement par se souvenir de mon anniversaire ou d'un de mes galas de danse. Mais non, alors que tout le monde semblait heureux, moi je ressentais le manque d'une présente paternelle. Et je ne sais pas ce qui est le pire. Toujours ressentir cela ou voir qu'il n'a jamais été capable de faire des efforts ? Je sais que je ne devrais pas être aussi froide, aussi franche, je ne sais pas ce que cela signifie « avoir des enfants » ou bien « entretenir une famille » mais je sais, de toute évidence, que cela n'a rien à voir avec le fait de tout quitter et de partir à l'autre bout du monde. Ce n'est pas qu'il n'a pas saisit l'occasion de passer du temps avec moi. Non, on passait du temps ensemble. Mais à chaque fois, ça se terminait mal. Sa maladresse. Son manque de tact. Mais comment réagir face à une ado lorsqu'on ne sait rien de lui ? Je peux comprendre qu'il ai eu du mal. Après tout, quel père n'a jamais réagit maladroitement au moins uns (dizaine de) fois dans sa vie ? Un jour – après une énième déception, j'ai fini par me dire que ça ne serait à rien d'espérer que cette situation changerait parce que de toute évidence, cela ne changerait pas. Et c'est ce jour là que ça à changé je pense. Que j'ai changé en réalité. Parce que la situation, elle, n'a fait qu'empirer. (...) Alors que j'avais passé tout mon temps à en vouloir à mon père, je n'avais jamais imaginé ce qui pourrait être pire que de se sentir abandonnée. Et puis, j'ai réellement compris le sens de ce mot. Abandon. Comment peut-on prendre la décision de partir d'un coup, de tout lâcher et de s'en aller. A l'autre bout du monde de plus. Lui, il l'a fait. Mon père nous a abandonné. Il a emporté avec lui le peu de souvenirs que nous avions, lui et moi. Il a juste laissé un message sur mon répondeur. Un putain de message. Il n'a pas dit au revoir non, il s'est contenté de fuir et de laisser un message. Quelques mots après une tonalité. Et là, je me suis sentie encore plus trahie.

Bon, je reconnais, c'est pas génial comme essai. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que ça vient du cœur et que ça pue le vécu. De toute manière, à quoi bon ? Je ne veux pas être auteur. Je ne veux même plus aller à l'université. C'est juste l'essai le plus pourri du monde.

- les années se suivent, la routine s'installe -
Lorsqu'une chose vous marque, c'est à vie. Ce qui m'a marqué, c'est l'absence de mon père. Il n'a pas été là à ma remise de diplôme, lorsque j'ai trouvé du boulot ou même à chaque petit événement de mon existence. Quatre ans, c'est beaucoup. On s'est peu parlé ces quatre dernières années. Cela m'a permise de me concentrer sur d'autres choses. J'ai obtenu mon père et j'ai commencé à suivre des cours par correspondance. Et j'ai été diplômée. Et puis, un jour, j'ai commencé à chercher du boulot. Et un jour, j'ai trouvé un appartement. Et là, j'me suis rendue compte que j'avais plus de compte à rendre à personne. Chaque matin, mon réveil sonne à sept du matin. Et très souvent, je me lève avec une gueule de bois insupportable. Souvent, quand je me réveille, je vois que ma meilleure amie à élu domicile dans mon lit. Ne pourrait-elle pas se contenter du divan comme n'importe quel autre pote censé le ferait ? « Bouge, payasse. » Le quotidien, c'est un coup de pied pour qu'elle tombe du lit. Et après j'vais déjeuner. La vie est devenue une routine sans nom. Mais elle est cool ma routine. J'ai un boulot génial. Je fais la fête tous les soirs. Sept jours sur sept. C'est un peu mon boulot également. Et ça, c'est doublement cool. « Tu pourrais pas me réveiller avec le petit dej une fois ? » et là, je rigole. « T'es ma meilleure amie. Tu squattes mon appartement. Le jour où tu te décideras à squatter le divan plutôt que mon pieu on en parlera. En plus tu ronfles et tu prends... beaucoup... trop... de place ! » Et comme tous les matins, je finit par filer dans la salle de bain pour me laver et me préparer. Et souvent j'arrive en retard au boulot. Mais un jour, ça sera autorisé. Un jour, quand je déciderais de créer ma société. Si tout fois je me décide. Et je bosse, jusqu'à 18 heures. Parfois plus tôt, parfois plus tard. Et finalement, quand j'ai fini de bosser, j'rejoins mes potes au pub. On dit qu'on ne peut pas choisir sa famille mais pourtant je l'ai fait. Et ma famille, c'est mes amis. C'est quand même dingue de se dire qu'à 21 ans, la routine s'est installée dans nos vies. Parfois ça réconforte. Parfois ça fait mal. Peut-être qu'un jour, quelque chose viendra de nouveau chambouler ma vie.