Hey Jude don't be afraid ♫

Hey Jude don't be afraid

Hazel & Jack

Il était adossé contre le mur, simplement vêtu d'un boxer, la tête renversée et les yeux clos, une bouteille de Tequila dans la main. Hey Jude des Beatles résonnait dans la pièce plongée dans le noir. Il avait faillit le tuer, il aurait put le tuer. Il ne contrôlait rien, ce n'était pas la première fois. Il y a sept ans il avait envoyé son beau-père à l’hôpital, il y a trois ans il s'était volontairement attiré des ennuis et s'en était tiré avec de nombreux hématomes et deux côtes cassées. Hier il avait bu jusqu'à l'écroulement. Et ce soir il recommençait. A l'hôpital il y a trois ans, on lui avait parlé de tendances suicidaires et aussi d'auto-destruction, on lui avait demandé si il se mutilait. Non bien sûr que non, quelle drôle de question, pourquoi se mutilerait t-il ? C'est juste qu'il se sentait minable. Cette colère, cette impulsivité ne le quittait jamais, il avait envie de frapper, envie de se faire frapper, besoin de boire, ça l'aidait à oublier. Mais ça ne durait jamais. Alors il recommençait. Parfois il avait de bonnes périodes, des périodes de paix plus ou moins agréables pendant lesquelles il guettait le moindre signe qui le ferait replonger. Il ne supportait pas d'être heureux, la culpabilité était là, l'empêchant d'être heureux, l'étouffant, le forçant à souffrir. Pourquoi aurait-il le droit de vivre alors qu'il l'avait tué. C'était de sa faute. Il était un meurtrier. C'était de sa faute. Et il ne supportait pas d'être heureux. Il but une longue gorgée de l'alcool qui glissa dans sa gorge d'abord frais puis lui procurant une sensation de chaleur agréable qui se transforma en une douce euphorie. Il s'appuya contre le mur et se releva doucement en rigolant. Il ouvrit les stores et la lumière l'aveugla quelques secondes pendant lesquelles il dut fermer les yeux, l'air trop frais emplis ses poumons et il toussa longuement avant de reprendre son souffle. Se dirigeant vers la salle de bain il se déshabilla et se traîna jusqu'à la douche. L'eau glaciale le réveilla un peu et il sortit frigorifié mais un peu remis. Il avait l'habitude maintenant, les gueules de bois il vivait presque avec.

Il enfila un jean, des baskets et descendit torse nu dans le bar. Il était 15h et le bar n'ouvrait qu'à 16h ce jour là, ça lui laissait encore une heure pour arranger un peu le bordel de la nuit dernière, deux idiots s'étaient battus et avaient renversés la moitié des tables et pété une chaise. Il étouffa un hoquet de surprise en voyant la silhouette féminine assise au bar puis se rappela qu'il avait donné un double des clés à Hazel, une fille un peu tordue qui venait s'abriter ici quand elle s'engueulait avec son frère. Il en avait eut marre de laisser le bar ouvert à des heures pas possible pour qu'elle puisse noyer son chagrin et lui parler pendant des heures alors il lui avait donné un double des clés et elle venait comme bon lui semblait. Sans savoir pourquoi, il se considérait comme un appui pour elle et il ne détestait pas quand elle lui parlait, il se confiait peu mais quand il le faisait c'était à elle. Au début il avait voulu coucher avec elle mais elle était en couple et refusait toutes ses avances. C'était devenu un jeu pour lui, bien qu'il refuserait si jamais un jour elle se laissait tenter, il ne voulait pas briser ce lien qu'il y avait entre eux. Il avait beau le nier, c'était bien un lien qui les unissait, parfois il s'asseyait en face d'elle et se contentait de la regarder, ça l'apaisait. Elle était spéciale à ses yeux mais il essayait souvent de se convaincre qu'elle n'était pas si importante et souvent il faisait preuve de méchanceté envers elle pour ne pas souffrir. Ça ne marchait jamais, elle n'était pas dupe, elle le connaissait un peu et ça ne l’atteignait plus, du moins le croyait-il. Il passa derrière le bar et s'appuyant sur ses coudes, se tint à quelques centimètres du visage de la jeune fille qui devait sûrement sentir l'alcool sur lui pourtant il ne recula pas et lâcha simplement : « Dis moi tout princesse. »

©TITANIA

hey jude, don't be afraid.

Je claquai la porte violemment. Si violemment que la maison dû trembler. Mon frère m'avait poussée à bout. Encore. D'où est-ce qu'il se permettait de me parler de la sorte. Il n'était pas mon père. Il ne lui arriverait jamais à la cheville. Il fallait que je me calme. Que je respire. Doucement. Mais ce minable arrivait vraiment à me mettre dans tous mes états. Il visait toujours les points faibles l'enfoiré. Et il tapait si fort que ça me faisait mal pendant un bout de temps. Le pire, c'est que nos bagarres puériles devenaient de plus en plus fréquentes. Je rageais intérieurement. J'avais envie de tout démolir dans cette satanée ville où je ne pouvais même pas vivre librement. Les passants me regardaient bizarrement. Ce qui m'énervait encore plus. Bordel. C'était quoi leur problème. C'était quoi le problème de tout le monde aujourd'hui. Il fallait que je m'isole. Que je me calme. Il me fallait quelque chose de fort. Mais bien sûr ! Cette idée était tellement lumineuse que je fus certaine que les gens avaient pu voir une ampoule au dessus de ma tête. Je m'empressai de fouiller dans ses poches. Si ce que je cherchais n'était pas, je mourrai sûrement. J'en avais besoin. Je savais bien que ce n'était pas la meilleure façon de se sentir mieux. Il y avait le yoga, la boxe et des tas d'autres trucs meilleurs pour la santé. Mais moi, c'était ma méthode. Je finis par trouver la petite clé que je cherchais. Un soupir de soulagement s'échappa de mes lèvres. Dieu merci elle était là. Après avoir héler un taxi, je me retrouvai assise devant ce bar que je connaissais si bien. Un verre de bourbon posé devant moi. Je n'aimais pas spécialement ça. Mais ça calmait la colère. Ca l'endormait. Bon dieu. Mais qu'est-ce qu'il m'arrivait. J'étais toujours à cran en ce moment. J'étais plongée dans la contemplation de mon verre quand quelqu'un entra. Je sursautai. Mais me ressaisis quand je vis qu'il s'agissait de Jack. Je crois que je lui fis même un vague sourire. Dis-moi tout princesse. Je souris une nouvelle fois à ce surnom. Ca me faisait toujours rire qu'on me surnomme ainsi. Je n'avais rien d'une princesse. Sauf peut être de Fiona, dans Schrek. Mais seulement quand elle était en ogre. Il s'était posté à quelques centimètres de moi. L'odeur d'alcool qu'il dégageait ne me dérangeait pas. On était dans un bar après tout. Je levai mes yeux vers lui. Il était mignon. Si Desmond n'était pas là, j'aurais probablement.. Non. Ma conscience me criait dessus. Je divaguais. Foutu alcool. Comment pouvais-je penser de telles choses. Je regardai Jack un court instant avant de reposer les yeux sur mon verre. Il est très con c'est tout. Je haussai les épaules. Que pouvais-je ajouter de plus ? Il n'y avait que ça à dire. Mon frère était con. Et je l'étais sans doute un peu aussi.