oh the truth hurts and lies worse. i can't like it anymore and i love you a little less than before.
Aujourd'hui, c'est ton jour de chance. Ton patron a bien voulu te libérer plus tôt comme tu t'es occupé de tes toutes affaires avant même que la journée soit finie. Bien sur, tu aurais pu rester encore une ou deux heures de plus, commencer à étudier de nouveaux dossiers, mais visiblement monsieur a bien vu que tu n'en avais plus la force, ni l'envie. En ce moment, ta vie est assez compliquée. D'un côté, il y a Serena et sa fausse couche. Tu as encore un peu de mal à t'en remettre et la voir se laisser aller comme elle fait, te fait de la peine. Mais d'un autre côté, il y a Sienna. La belle Sienna, qui a foudroyé ton cœur en un rien de temps il y a maintenant sept mois. Mentir à ta femme t'énerve, tu n'es pas ce genre d'homme, qui trompe leur femme pendant des années sans rien leur dire. Tu pensais qu'en t'éloignant de Sienna, tu allais l'oublier. Mais elle est comme une drogue dont tu as continuellement besoin d'augmenter les doses. Aujourd'hui, tu te sens coupable de mener une double vie, de mentir à l'une, de mentir à l'autre, mais la seule personne à blâmer, c'est toi. Chaque jour, le piège se resserre de plus en plus sur toi et tu ne sais pas quoi faire. Au volant de ta voiture flambant neuve, tu chasses ses pensées qui te hantent sans cesse en ce moment, et sors du parking. Le chemin jusqu'à ton appartement, n'est pas très long et tu te réjouis de te retrouver seul. Tu envisages même d'appeler Sienna. Serena ne sera pas à la maison avant trois ou quatre heures, trop occupée à faire marcher sa boutique de lingerie. Tu as du temps devant toi et la perspective d'amener ton amante dans ton appartement te fait sourire. Ce serait la première fois que tu ferais ça et l'idée de savoir que Serena peut rentrer à tout moment, t'excite encore plus. Bizarrement, tu aimes savoir que ta femme peut vous surprendre à tout moment, que tout ne tient qu'à un fil. Après un quart d'heure de route, tu te gares sur ta place réservé, coupes le contact et sors de ta voiture. Tu prends ton téléphone, compose le numéro de Sienna alors que tu gravis les escaliers. « Salut toi ! » dis-tu d'une voix mielleuse. Tu aimes lui parler comme ça, comme si elle était ton bébé. Tu cherches les clés dans ton sac, le téléphone toujours collé à l'oreille. « Ca te dirait de passer à la maison dans un quart d'heure ? » demandes-tu en insérant les clés dans la serrure. Tu ouvres la porte et y trouves Serena, affalée dans le canapé. Un sentiment de panique parcourt tout ton corps. Tu jettes ta sacoche par terre. « Bon, je te rappelle plus tard. » Tu raccroches en trombe et lui envoies un sms. Désolé, j'ai un empêchement, oublie ma proposition, on se retrouve dans la semaine chez toi. Love you babe. Tu attends que le message s'envoie pour l'effacer définitivement de ton portable. Tu t'approches de Serena, l'embrasses timidement sur la joue, t'affales sur le canapé à ton tour. « Qu'est-ce que tu fais là ? »

La vie n'est qu'une succession d'épreuves. Certaines sont plus éprouvantes que les autres, mais aucune d'entre elles n'est réellement insurmontable. C'est, du moins, ce dont j'essaie de me convaincre. Un jour tout va bien, le lendemain, la Terre s'effondre sous nos pieds. Encore une fois où je ne mettrai pas les pieds au boulot. Encore une fois où je m'allongerai sur le canapé, les yeux rivés sur un écran, mais l'esprit vaguant ailleurs. Encore une fois où je poserai ma main sur le souvenir de notre amour. Lui, qui ne m'aime plus. Cet enfant qui n'est plus. Cette histoire qui n'a certainement plus d'avenir. Mes paupières se closent. La souffrance laisse place au songe. Car, dans mes rêves, le monde est plus beau, plus doux. Moins brutal.

Une voix m'extirpe de mon sommeil. Une voix que je reconnaîtrais parmi mille. La sienne. Neal. Lui que j'ai aimé et que j'aimerai certainement toute ma vie. Un amour qui, je le sens, n'est peut-être plus réciproque. Un amour à sens unique. Des baisers qui ne sont plus si passionnés, un regard qui ne brille plus de la même manière, et des mots qui ne se veulent plus aussi doux qu'autrefois. Autrefois ou quand tout allait encore merveilleusement bien. Nous avions des projets, un avenir. Ses pupilles valsaient d'une silhouette à une autre, mais c'était sur mon corps qu'il posait ses mains douces, le soir. J'ignore où est passé ce Neal. Celui qui m'aimait profondément. Il a laissé place à un homme détaché, fuyant et menteur. Il pense que je ne le remarque pas, quand il ment. Il pense que je gobe toutes ses conneries, mais je ne suis pas dupe. Je le connais mieux que personne. Je ne sais pas ce qu'il fait quand il s'en va en voyage, mais je sais qu'il ne travaille pas. J'ignore qui est cette personne avec qui il vient de raccrocher au téléphone, mais je sais qu'il ne s'agit, encore, pas là d'un coup de fil professionnel. Il s'approche de moi, m'embrasse avec une certaine retenue et me demande ce que je fais là. C'est vrai, ça. Qu'est-ce que je fous là ? Je me frotte les yeux, avant de plonger mon regard dans le sien. Je reste d'abord muette, puis je soupire : "J'étais fatiguée." C'est ça. Fatiguée. Fatiguée de cette vie qui n'a plus de sens.