Assise sur un banc, je dessinais les gens qui passaient. Un père et son fils jouant au ballon sur l'herbe verte. Une grand-mère promenant son petit chien. Et un couple. Un couple qui s'embrassait. Un couple qui s'aimait. Un couple qui s'affichait. J'aimais quelqu'un moi aussi. Mais je ne pouvais pas lui tenir la main en public. Ni le serrer dans mes bras. Et encore moins l'embrasser. Je me surpris à regarder fixement ces deux personnes si heureuses. Pourquoi n'avais-je pas le droit à ça moi aussi ? A cause d'une stupide guerre familiale ? C'était idiot. Vraiment. Les mecs et leur foutue fierté m'énervaient dans ces moments. Mon portable vibra dans ma poche. Un large sourire étira mes lèvres lorsque je vis le destinataire. Desmond. Hazel ♥ ! Je viens de finir mon service, je vais pas tarder à partir du resto. On se retrouve là où tu sais. A de suite, tu m'as manqué ! Une semaine. Cela faisait une semaine que l'on ne s'était pas vu. Mes frères étaient là sans arrêt à me surveiller. A m'espionner. Ils ne me laissaient pas une seconde de répit. Je pris mon sac, rangeai mes dessins et me mis en route. Je n'étais pas loin de l'église. Juste à quelques pâtés de maisons. Je me sentais coupable parfois de faire ça derrière l'église. De faire ça tout court. Je m'en voulais parfois de tant apprécier trahir ma famille en sortant avec l'ennemi. Pire. En couchant avec l'ennemi. Mes frères nous tueraient probablement s'ils venait à l'apprendre. Mais je ne regrettais pas ce que je faisais, même si je savais ô combien c'était mal. Pas une seule seconde. J'étais amoureuse. Et c'était la plus belle chose au monde. Je me tenais debout dans notre parc depuis quelques minutes déjà quand deux bras puissant me saisirent par la taille. Je fus quelque peu surprise. Mais tout s'envola très vite quand il déposa ses lèvres sur les miennes. Je respirai enfin. Que j'aime ce parfum sur tes lèvres ! Il m'avait reposée au sol. Il me regardait désormais avec un regard dont je ne pouvais plus me passer. Il me regardait comme si j'étais la plus belle chose au monde. Je passai ma main sur sa joue, à la rencontre de sa barbe naissante. Tu m'as manqué. Je me mis sur la pointe des pieds pour déposer un autre baiser sur ses lèvres. Ca aussi, ça m'avait manqué.