Trois semaines que j’ai posé le pied dans cette ville et, déjà, la routine s’installe. Rassurante, elle me frustre également, me poussant à me demander comment seront les prochains mois, si déjà je m’installe confortablement dans un quotidien. Cela ne me ressemble pas, je le sais.

Avachis dans un grand canapé de cuir blanc, je joue avec la zappette au point de ne plus avoir le temps de reconnaître l’émission qui s’affiche à l’écran. Je m’ennuie, et je déteste cela
Bien loin de la réalité depuis quelques minutes, regardant le sol carrelé, je suis ramené à la vie pour Maria, ma « domestique ». En fait, Maria c’est plus une maman de substitutions. Bien qu’elle m’appelle Monsieur, chose dont j’ai horreur mais manière dont elle n’arrive pas à se défaire ; c’est elle qui prend soin de moi. Elle me fait à manger, s’occupe du ménage, des courses, du linge, du repassage et j’en passe. Elle est archi présente dans mon quotidien et bien que nous ne soyons pas si proche que cela, j’aime sa compagnie, elle me rassure, moi le grand garçon qui déteste la solitude. Pourtant quand cette dernière m’annonce son départ après avoir finis tout ce qu’elle avait à faire, elle me rattrapa, si violemment parfois. A peine a-t-elle claqué la porte que je commence à angoissé. J’ai horreur d’être seul. Alors tel un somnambule, j’enfile une veste et descend.

La nuit a rafraichit la lourde journée d’aujourd’hui. Ma veste en cuir n’est donc pas de trop. Les mains dans les poches, la tête plus ou moins baissé, j’avance, sans un but. Seuls mes pieds étaient sur terre. Puis une musique, ou plutôt des bruits me sortirent de là haut. Un bar s’affichait à ma droite. « Pourquoi pas » me dis-je, alors je rentra pour aller au comptoir et commander une bière. Voilà sans doute à quoi aller se résumer ma soirée, un ou deux verres, peut être plus et je rentrerais, prendrais une douche et me coucherais avant de commencer une nouvelle journée.

Pourtant, je ne sais pas, mais quand elle rentra, je compris que cette soirée serait différente. Peut être à cause de sa grande robe en tulle blanc et son corset la mettant en valeur. En même temps, des filles à moitié débraillés, en robe de marié, rentrer dans un bar ce n’était pas commun. Je ne fus d’ailleurs pas le seul à avoir cet avis. Tels les films américains, son entrée fut tellement surprenante que même le musicien en perdit ses notes de musique. Je pus lire son malaise dans ses yeux mais aussi ce côté « je m’en foutiste » qui la rendait si héroïque, en plus de débarquer dans cette tenue, en pleine nuit dans un bar où à mon avis elle était loin d’être habitué. « Elle ne vient pas d’ici » lâcha le vieil ivrogne à ma gauche. D’un naturel, je lacha un petit souffle rieur, laissant apparaître un sourire discret en coin. Il avait sans doute raison, en effet elle n’était pas d’ici et sans doute de loin vu la rapidité dont elle but son café serré juste après se l’être fait servir.

Aussi vite qu’elle avait débarqué, la belle inconnue, gênée par l’ampleur de sa robe, traversa le bar en direction des toilettes. Un brin de rafraîchissement n’était sans doute pas du luxe vu son allure. Elle ne s’en rendit peut être pas compte mais mis plus d’une demi heure avant de revenir. Motivé par le fait de voir le changement qui s’annonçait, moi non plus je ne vis pas les minutes défilés, attendant son retour.

La porte s’ouvrit, laissant ainsi découvrir une demoiselle des plus basique mais qui attiraient toujours autant l’attention et le regard des gens.