Le boulot, le boulot et encore le boulot. Depuis un an, je ne me préoccupe que ça. Et de ma sœur aussi. Ma sœur, elle a toujours été là pour moi et j’ai toujours été là pour elle. Nous ne sommes pas jumeaux et pourtant on en donne l’impression. Soudés comme les cinq doigts de la main. C’est le peu d’écart qui nous rapproche autant et j’en remercie nos parents.
Je suis dans mon bureau. Je pense à elle. J’ai depuis quelques temps l’impression qu’elle est complètement perdue. Mais pourquoi ? Je ne sais pas. J’aimerais qu’elle m’en parle. Qu’elle exprime ce qu’elle a sur le cœur mais rien. En ce moment, c’est un mur vide et glacial. Et je dois savoir ce qu’elle a parce qu’elle ressent, je le ressens aussi. Et j’ai mal pour elle.
Après avoir terminé de remplir une pauvre feuille de congé d’un de mes employés, je signale à ma secrétaire que je rentre chez moi. Enfin, je ne rentre pas totalement chez moi. Je vais chez ma sœur. Avoir des réponses. Je souhaite qu’elle me parle de ce mal qui la ronge, qui la déchire et qui me déchire aussi l’intérieur par la même occasion.
Je grimpe dans la voiture, allume la radio et démarre. Je suis tellement pressé de voir ma petite sœur, celle à qui j’ai promis d’être toujours à ses côtés dans les bons et mauvais moments de sa vie. Depuis l’accident, en tant que grand-frère, je l’aidais à se reconstruire, à se souvenir. C’était mon devoir.
Sur la route, je remarque une petite boulangerie. Je décide de m’y arrêter pour faire plaisir à mes deux neveux préférés. Je rentre alors dans le magasin pour prendre quatre pâtisseries pour leur offrir par la suite. Après avoir récupéré la monnaie et quitté la boulangerie, je reprends la voiture direction la maison de ma petite sœur chérie.
La musique à fond. Je pense à comment je vais bien pouvoir commencer le sujet sur cette douleur interne. J’ai peur de lui faire du mal, de remuer le couteau dans la plaie mais il faut crever l’abcès et faire ressortir toute cette douleur.
Après 20 minutes de route, j’arrive enfin chez ma sœur. Je descends du véhicule et rejoins la porte d’entrée. Je réfléchis encore un peu sur le fameux sujet que je vais engager puis frappe à la porte. J’espère qu’elle est là. J’entends alors le verrou s’ouvrir, puis c’est une belle blonde qui se retrouve devant moi. Salut tite sœur !

En regardant le visage de ma sœur, je remarque bien qu’il se passe quelque chose. Mais quoi ? Elle avait tendance à ne pas se dévoiler mais aujourd’hui, elle allait devoir le faire. Pour que je me sente mieux et pour que son cœur soit plus léger. Pense-t-elle à nouveau à cet homme qui lui avait servis de mari avant qu’il ne fuit ses responsabilités ? Pense-t-elle au nouvel homme qui partage sa vie. Hope, j’espère que tu vas me parler cette fois. Je n’aime pas te voir comme ça. Ma sœur me salue et me laisse entrer tout en me proposant un verre. A vrai dire, je n’ai pas vraiment soif. Enfin si j’ai soif, soif de réponses. Cependant j’accepte volontiers. Nous nous dirigeons vers la cuisine, j’essaye alors de tâter le terrain. De voir si elle me répondra à mes questions, si elle se sent prête à subir un interrogatoire. Qu’est-ce qu’ elle me raconte de beau, ma petite sœur préférée ? En posant cette question, je m’attends au refrain habituel. Celui qui est raconté pour que je ne souffre pas et pour me prouver qu’elle va bien, enfin semblant d’aller bien. Ça se lit sur son visage qu’elle va mal et qu’elle ne sait pas à qui se confier. Sauf que je suis là.
Je m’assois sur une chaise en attendant que ma sœur me serve un verre. Il y a un truc qui avait changé chez elle. Je cherche alors ce que cela peut être. Ce ne sont pas ses cheveux, elle les a toujours aimés comme ils sont. Longs et blonds. Je n’arrive pas à trouver ce qu’elle a changé. Je décide alors de lui demander. Hope, t’aurais pas changé quelque chose ? Je te sens différente des autres fois. Quand je lui demande cela, j’ai qu’une hâte, c’est qu’elle me réponde que cet énergumène de mari qui est revenu lui faire du mal pour que je puisse aller lui casser la gueule une bonne fois pour toute. Au fond de moi-même, j’essaye de me calmer fortement, je suis sur les nerfs en ce moment et je ne souhaite pas le faire deviner à Hope.
Mon verre prêt, je le récupère tout en remerciant ma petite sœur qui a l’air déprimé. Elle ne va vraiment pas bien et je ne sais pas quoi faire pour la réconforter. D’habitude, je sais y faire mais là, c’est une colle. Je sens qu’elle souhaite me parler de certaines choses mais qu’elle n’y arrive pas. Peut-être que si je commence à raconter ma vie sentimentale, cela la décoincera. Je décide alors de me lancer. T’as revu Aby, ces derniers temps ? Je ne souhaite pas tout de suite lui dire que je l’ai revu au gala. Cela la gênerait peut-être.  Cependant je devrai lui dire tôt ou tard.
Je ne veux quand même pas passer trop de temps sur mon cas alors je décide rapidement de repasser à elle et donc parler de cette mini dépression qu’elle laisse apparaitre. Je suis énervé de la voir ainsi. Quand je pense qu’elle souriait avant et qu’aujourd’hui par la faute d’un con, elle a ce visage si fermé. Pour la faire réagir vraiment et lui faire comprendre que je m’inquiète pour elle, je tape mon poing sur la table. Tu vas me dire ce qui ne va pas, Hope ?