ANDREA GREEN-HAMILTON
◮ mari et femme.
« Si t’arrivais à matérialiser mon ennui, des parpaings te tomberaient dessus, là, de suite. » - « Mais pourquoi tant de haine ? » - « Parce que tu me gonfles. » Jayson fit mine d’être victime d’un arrêt cardiaque, plaquant sa main contre son cœur, il se laissa soudainement tomber sur le canapé. « T’es vraiment con. » Passant dans la cuisine pour me faire un café, j’esquissais un sourire en le voyant se relever immédiatement. « Je suis en train de mourir là quand même ! » - « Je suis soudainement tristesse. » - « Tu es horrible Andrea. » Il n’avait pas tort sur ce point. Cela dit, je pense que j’avais été assez patiente, il avait été intenable durant deux jours. Pour le coup, j’avais fais un remixe à moi toute seule de l’armée des morts vivants toute la journée. « Tu me fatigues Jay. » Geindre avait été le seul moyen que j’avais trouvé pour qu’il me laisse un peu de répit. Je ne comprenais pas son engouement soudain à mon égard, mon frère l’avait mit en garde deux jours auparavant et je pensais sincèrement qu’il ne reviendrait pas chez moi. Pourtant, je devais bien admettre que ce jeune homme me plaisait énormément. Au lycée, tout était différent. Il était le quarterback de l’équipe de football, populaire et adoré de tous. Moi j’étais juste entourée de grandes malades qui tentaient tant bien que mal de me caser avec lui. La veille avait encore été du grand art et en y repensant, je ne pouvais m’empêcher d’esquisser un sourire.

« Le quarterback, il est mignon lui ! » Je poussais un soupir résigné en levant les yeux au ciel avant de m’asseoir sur les gradins du stade. « Allez Andy, faut se remettre à cheval là. Reste pas raciné comme ça. » - « Déjà c’est : se remettre en selle et ne prend pas racine. Ensuite, c’est quoi cette nouvelle lubie de vouloir me caser avec le premier qui passe ? » - « Ce n’est pas juste le premier qui passe. » - « C’est le meilleur. On parle de Jayson Hamilton, pas du premier abruti en manque de sexe. » Renchérit Izzie avec un sourire narquois avant de se replonger dans son observation des joueurs. « Qui te dit qu’il est pas en manque d’autre chose celui ? Et dites moi, c’est super, c’est la grosse ambiance avec vous aujourd’hui. » - « Tu es vraiment trop compliquée. » Je n’étais pas compliquée. Je détestais que l’on me force la main, nuance. Qui plus est, étant toutes amoureuses de mon frangin, elles ne se rendaient pas compte à quel point il était timbré. Il pouvait faire fuir une armada d’orcs si il le souhaitait. « Ton frère est là, oh mon dieu, est-ce que je suis jolie ? » Scarlett venait de s’agiter tout en se recoiffant avant de lancer un sourire tout bonnement effrayant. « Salut les moches. » Allez savoir pourquoi, les intéressées venaient d’éclater de rire tout en se dandinant comme des abruties. Si il y avait bien quelque chose que je ne comprenais pas, c’était pourquoi elles devenaient toutes idiotes en la présence d’Austin. « Andy, faut qu’on parle. » Je ne pouvais m’empêcher de lorgner mes amies qui s’étaient littéralement liquéfiés devant mon frère avant de le suivre. « Tu pourrais être plus gentil avec elles quand même. » - « Elles sont tarés tes copines, tu sais que l’autre soir, Izzie était devant la maison pendant au moins une heure. » - « C’est l’effet testostérone ça. » Éclatant de rire, il haussait les épaules avant de porter son attention sur l’entrainement de l’équipe. « C’est quoi cette histoire avec Jayson ? » - « Une histoire ? Quelle histoire ? Pas d’histoire. » - « C’est à moi de te le présenter en fait c’est ça ? » Me le présenter ? Pourquoi faire ? Je n’avais rien demandé moi. Si même mon frangin s’y mettait, je n’étais pas sorti de la maison hantée. M’entrainant sur le terrain, il semblait bien décidé à ce que cette affaire soit rondement menée. Faisant signe au jeune homme de nous rejoindre, je le sentais soudainement plus tendu. « Bon Jay, ma sœur Andrea. » Lui lâchant un coup de coude dans les côtes, j’étais plus que gênée devant cette situation. « Si vous faites un truc pas normal, évitez de le faire chez moi ce serait sympa. » C’était une parfaite entrée en matière, pour le coup, je reconnaissais bien mon frère. « Austin, pour qui tu me prends ? » Demanda Jayson la mine outrée. « Je passe la chercher à vingt heure ce soir, ça te va ? » Lui dit-il comme si je n’existais pas. Oui donc moi, on ne me demandait pas du tout mon avis là. Ça c’était fait. Notre rencontre n’avait pas été des plus naturelles mais lorsque mon frère avait une idée en tête il était encore plus borné que moi.


« Éteins cette télé Andrea. » Intimant d’un geste à Izzie de se taire, je ne pouvais m’empêcher de rester figée devant les informations, comme hypnotisée par toutes ces nouvelles. Il y a avait eu un attentat en Afghanistan et plusieurs militaires avaient été blessés, chose qui m’angoissait au plus haut point. Je n’arrêtais pas de me dire que c’était exactement l’endroit où était Jayson et surtout que je n’avais eu aucune nouvelle depuis plus de trois semaines. Peut être étais-je un peu trop paranoïaque mais je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter. « Ce n’est pas ça qui va te donner plus de réponses, tu dois te détendre. » - « C’est facile à dire.  » Murmurais-je en prenant une gorgée de café. J’avais l’impression que le temps ne s’écoulait plus, comme si depuis le début de la matinée j’avais été incapable de faire quelque chose de concret. « Si il y avait eu un problème, tu serais déjà courant enfin. » - « Parce que tu crois sincèrement qu’en une nuit ils sont capable de te dire qui est revenu ou non ? » En vérité, j’étais beaucoup plus en colère qu’inquiète. En colère parce que l’armée était une des choses que j’exécrais le plus et malheureusement, je devais faire avec. C’était sans doute pour ce la que je n’arrivais pas à rester impassible devant tout ça. Obnubilée par la journaliste qui semblait totalement abattue, je ne vis pas Izzie disparaître pendant de longues minutes. Après tout, elle devait être épuisée de me voir dans cet état, de nature très enjouée et positive elle avait toujours évité de penser au pire même lorsque mon frère – qui était son futur mari – avait été gravement blessé. Entendant la porte d’entrée claquer, j’imaginais qu’elle était partie, je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Me servant une énième tasse de café, j’éteignais rageusement la télévision en maugréant dans ma barbe. « Andy ? » Sortant de ma rêverie, je me tournais vers mon amie qui arborait un énorme sourire. Sourire que je ne connaissais que trop bien et qui, en général, laissait présager une grosse connerie. Haussant un sourcil, je la voyais trépigner avant de retourner au salon. Je savais qu’elle avait un problème mais là, elle m’inquiétait. Lui emboitant le pas, je n’osais imaginer ce qu’elle avait trafiqué. « J’ai une surprise pour toi. » - « Je déteste les surprise. » Assurais-je en me renfrognant. « Ça dépend le genre de surprise non ? » Me retournant en une seconde, je voyais Jayson au beau milieu du salon, un sourire radieux aux lèvres. Sur le coup, je ne pouvais m’empêcher de me jeter dans ses bras. « Putain je te déteste Jay. » Murmurais-je en me blottissant contre lui. Autant dire que j’étais plus que soulagée de le voir en un seul morceau, c’était un sentiment que je ressentais dés l’instant ou je le savais ici. « J’avais quelque chose de très important à faire. » - « Tu dois donc repartir bientôt ? » Secouant la tête, Jayson semblait avoir la meilleure nouvelle du monde à m’annoncer. Voyant Izzie me faire un signe avant de s’éclipser, je commençais à me demander ce qu’il allait me répondre. Me détachant de son étreinte, je l’observais quelques instants avant de croiser les bras. « Qu’est ce que tu as fait encore ? » Demandais-je en arquant un sourcil. Prenant mes mains dans les siennes, il prit une profonde inspiration. « Épouse moi. » - « Hein ? » - « Épouse moi. » Répéta-t-il en se rapprochant de moi. Hochant frénétiquement la tête, aucun son ne sortait de ma bouche, cependant, je savais qu’il avait tout à fait compris la réponse.